Comment la femme a repris le pouvoir de son corps à travers le vêtement?
Dernière mise à jour : 23 nov. 2022
Dans l’histoire du costume (ancêtre de l’histoire du vêtement), le vestiaire masculin a toujours été différencié du vestiaire féminin.
Cette différenciation est issue d’une construction sociologique pour distinguer les codes du genre et le pouvoir qui en découle: la femme possédait un vestiaire contraint pour montrer ses atouts de féminité (exemple du corset) et/ou la richesse de son mari tandis que celui-ci portait une panoplie pour illustrer son statut social, sa réussite.
Historiquement, se féminiser vestimentairement, c'est se sexualiser, s'objetiser pour mieux être identifier par les hommes et dans la société.
Malheureusement, ces codes ont également atteint les sphères publiques.
Rappelons qu’avant les années 60, les jeunes filles ne devaient porter que des jupes ou des robes dans les établissements scolaires. Le pantalon était interdit.
Le corps de la femme ne lui appartient seulement que depuis quelques décennies tout comme son dressing.
Avec la libération sexuelle et l’émancipation des femmes à la fin des années 60, comment ont–elles repris le pouvoir sur leur vestiaire?
Voici quelques symboles de libération du corps de la femme à travers son dressing.
Le pantalon: symbole d’égalité
1961, Brigitte Bardot en pantalon à pois
sur le tournage de « Vie Privée » de Louis Malle.
Les femmes portent des pantalons seulement depuis les années 60.
D’après l’historien de la mode, Denis Bruna : « Le pantalon est un vêtement féminin à partir, essentiellement des années 60, quand les femmes ont pu porter le pantalon dans la rue d’une façon assez simple, sans soulever les soupçons et les regards ».
En effet, une loi datant de 1800 interdisant « le travestissement des femmes » prévoyait que « toute femme désirant s’habiller en homme devait se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l’autorisation et celle-ci ne peut être donnée qu’au vu d’un certificat d’un officier de santé”.
En 1800 «cette ordonnance visait avant tout à limiter l’accès des femmes à certaines fonctions ou métiers en les empêchant de se parer à l’image des hommes».
Cette loi n’a été abrogée officiellement qu’en 2013!
Cet accès au pantalon dans le dressing féminin est une avancée majeure pour le droit des femmes ce qui représente un beau symbole pour l’égalité des sexes.
La minijupe : symbole de liberté
1966, la créatrice Mary Quant vêtue d’une minijupe de sa création.
Photo National Archief, the Dutch National Archives, Spaarnestad Photo (CC 3.0
Née entre 1962 et 1963, qualifiée tour à tour de révolutionnaire et de scandaleuse, elle accompagnera les femmes dans leur révolution.
Sa créatrice, Mary Quant décide de raccourcir les jupes au-dessus des genoux pour des raisons de confort, de mobilité et d’esthétisme. Avec ces jupes “mini”, en référence à la Mini Cooper, les femmes peuvent désormais marcher sans entrave, courir après le bus et aller danser après une journée de travail.
Le message est :
Je suis très sexy, j'aime le sexe et je suis provocante, mais tu devras mettre le paquet pour pouvoir être avec moi'. Maintenant, c'est la femme qui décide. Mary Quant
La mini-jupe est le symbole par excellence de la reprise du pouvoir de la femme sur son propre corps.
Le costume ou le Power dressing : symbole de pouvoir
Les épaulettes comme figure du costume des années 80,
pour symboliser la prise de carrure de la femme dans les hauts postes à responsabilité
Le premier article de mon blog est consacré au blazer et à ses diverses représentations, notamment le phénomène du power dressing. Je vous invite à le lire ou à le relire.
Suite à la relance de l'économie des années 1980 et de la présence croissante de femmes à des postes de hautes responsabilités jusque là réservés aux hommes le Power Dressing fait son apparition. L'argent et l'apparence vont jouer un rôle primordial et le power dressing incarne alors une sorte d'idéal féminin, où le pouvoir et la réussite permettent aux femmes de devenir matériellement indépendante.
Le blazer devient le symbole de cette prise de pouvoir.
L’oversize : symbole de la lutte féminine
TLC reste à ce jour le groupe féminin américain ayant vendu le plus de disques
L’oversize camoufle le corps, uniformise les silhouettes, ne laissant rien paraître d’indécent, de sexy.
En effet, les femmes revendiquent un affranchissement total des traditions féminines. Elles souhaitent mettre fin à la sexualisation de leur corps.
Ainsi, les femmes décident de pousser leurs convictions plus loin et commencent à se vêtir de vêtements initialement masculin.
Diane Keaton est l’icône de ce mouvement. Lorsqu’elle incarne Annie Hall sur le grand écran, elle porte une tenue habituellement portée par les hommes : un pantalon large et une cravate.
Le baggy est un des dignes représentants du vêtement oversize.
Si le baggy a été popularisé par le hip-hop, les figures de ce mouvement n’en sont pas directement à l’origine. L’histoire raconte que es prisonniers américains seraient les premiers à porter ce type d’habits et les auraient popularisé peu à peu à leur retour dans la société.
A leur entrée en prison, on ne leur donnait pas de ceinture pour limiter les risques, et leur uniforme se résumait à un pantalon, à taille unique, bien souvent trop large !
A leur sortie de prison, les détenus continuaient à porter ce genre de pantalon, qui servait de signe de ralliement pour les '' anciens''
Bien souvent, le jean est évoqué pour parler d’un mode de vie de rue, se la raconter ou clamer une certaine authenticité.
Cette mode du baggy s’est propagée et fut longtemps la mode majeure du hip-hop. Les filles n’étaient pas en reste, Missy Elliott étant une de ses plus fidèles représentantes, tout comme Aaliyah et sa fameuse salopette baggy.
Aaliyah, icône du R’n’b de la fin des années 90, décédé en 2001
N’hésitez pas à venir dans ma boutique pour essayer un baggy, une veste à épaulettes ou votre mini-jupe !
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