Le Blazer : une histoire de pouvoir
Dans ce premier article, je souhaite faire un petit tour d'horizon d'un vêtement qui a su se rendre indispensable dans notre dressing : le blazer ou l'histoire de l'émancipation de la femme.
Pour tous les rendez-vous importants, le Blazer nous offre une silhouette plus sérieuse, qu'on assimile inconsciemment à une confiance en soi.
J'aimerais revenir sur l'imaginaire de ce vêtement pour en comprendre les fondements.
"Je peux aller partout avec seulement 3 tenues : un blazer bleu et un pantalon de Flanelle gris, un costume de flanelle gris et une cravate noire ” Pierre Cardin
Pour les cinéphiles, on se souvient de Marlene Dietrich, qui en 1930, incarnait Amy Jolly une chanteuse de bar dans Cœurs brûlés, un film réalisé par Josef von Sternberg.
Elle a marqué nos imaginaires avec un costume trois pièces avec nœud papillon et haut de forme. Cigarette à la bouche, les yeux fiers, elle ressemble à un dandy, rappelant ainsi les tenues de certaines grandes figures féminines de la littérature française telles que George Sand ou encore Colette.
En s'octroyant ainsi ce costume masculin, le but ultime de toutes ces femmes était non pas de séduire les hommes, mais plutôt de les défier.
Marlene Dietrich dans Coeurs Brulés, 1930
Dans les années 60, Yves Saint Laurent, inspiré de cette énergie, démocratise ce classique du vestiaire masculin pour les femmes en créant le fameux smoking YSL.
Françoise Hardy en smoking Yves Saint Laurent dans les années 60
Reçu comme un tollé par les clientes de la Haute Couture, qui n'y voient rien de chic mais plutôt de l'impertinence à leur esthétique, ce smoking deviendra pourtant la pièce fétiche du lancement de la collection prêt-à-porter Yves Saint Laurent Rive Gauche en 1966.
C'est alors dans les années 80 que la figure de la Working Girl devient populaire suite au succès de la révolution sociale et du mouvement pour l'émancipation des femmes de la décennie 70.
Suite à la relance de l'économie des années 1980 et du fait que de plus en plus de femmes travaillent dans des univers masculins à des postes de responsabilité, le Power Dressing fait son apparition. L'argent et l'apparence vont jouer un rôle primordial et le power dressing incarne alors une sorte d'idéal féminin.
A cette époque, les visionnaires de ce nouveau courant sont Thierry Mugler et Claude Montana, des designers français qui ont marqué toute une génération.
Les déesses Mugler dans les années 80
Je vous recommande chaudement ce défilé Automne Hiver 1985 de Claude Montana pour vous donner une idée de l'énergie de cette époque.
Enfin, on se souvient tous et toutes des séries Dallas ou Dynasty dans lesquelles les héroïnes portaient d'immenses épaulettes en référence à ce look de femme de pouvoir.
Krystle Carrington dans Dynasty
Sue Ellen Ewing dans Dallas
Aujourd'hui, les icônes Beyoncé ou Kim Kardashian qui représentent la réussite et le pouvoir au féminin en 2020 usent et abusent de ce vêtement dans leurs garde-robes respectives.
Le Blazer n'est donc pas seulement un signe de sérieux dans l'univers triste et austère du travail. Derrière se cache tout une histoire d'appropriation par la femme des codes du pouvoir, si difficilement obtenu.
Versace et Gucci se sont inspirés de ces codes pour devenir des emblèmes de féminité et d'audacité.
Le Blazer n'est pas une simple pièce mais bien un Must-have pour toutes les femmes de notre génération.
Bisous
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